CONCOURS DE POESIE « MATIAH ECKHARD » 2016
Mention spéciale « Lycées »
«Rien ne vaut un instant»
Rien ne vaut un instant se sentir solitaire,
Marcher seul sans un bruit, regarder les étoiles
Pour m'emmener en mer, élevant sa grand-voile. Ma confiance est aveugle, et ne peut plus y voir : C’est en fermant les yeux que l’on y voit le mieux !
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Emmanuel Hetsch,
Lycée Marie Curie de Strasbourg
Tant qu’on ne comprendra pas
Tant qu'il y aura conflits et bombardements,
Tant qu'il y aura des meurtres inlassablement,
Tant qu'il y aura l'argent et ses nombreux vices,
Tant qu'il y aura négligences et
injustices.
Tant qu'il y aura des journées sombres et des armes,
Tant qu'il y aura la famine et ses horreurs,
Il y aura de la haine et des peurs.
Tant qu'il y aura des homophobes, des racistes,
Tant qu'il y aura des sexistes et des spécistes,
Tant qu'il y aura des cupides, des imbéciles,
Il y aura des pauvres et des sans-domicile.
Tant qu'il y aura du poison dans nos légumes,
Tant qu'il y aura la souffrance dans nos coutumes,
Tant qu'il y aura dans l'air, de la pollution,
Tant qu'il y aura de la déforestation,
Tant qu'il y aura des détritus sur notre terre,
Tant qu'il y aura les agroalimentaires,
Tant qu'il aura dans nos labos, des cobayes,
On aura aussi, des suicidés sur les rails.
Tant qu'on vivra, pensera avec notre ego,
Tant que tous les êtres ne seront pas tous égaux,
Tant qu'il y aura des animaux exploités,
Tant qu'il y aura des "cons" dans la société,
Tant qu'il y aura pleins de mensonges dans la presse,
On ne comprendra pas, qu'on est une seule espèce.
Tant qu'il y aura des syndromes diagnostiquées,
Tant qu'il y aura des tueurs, des détraqués,
Tant qu'il y aura, au fer, du bétail marqué,
Tant qu'il n'y aura plus d'amour communiqué,
Tant qu'il n'y aura pas le droit de répliquer,
Il y aura des poètes pour le revendiquer.
Tant qu'il y aura toujours des mariages forcés,
Il y aura des personnes pour les dénoncer.
Il y aura de l'amour, de la charité,
Il y aura des joies des bons côtés,
Il y aura de tendres baisés à échanger,
Il y aura de nombreuses îles à voyager,
Il y aura des rires, des sans-abri logés,
Il y aura de l'amitié à partager.
Yaël Ciancilla,
Lycée Jean Monet de Montpellier
NID
Toi, l'étourneau de feu
Qui a choisi refuge dans mon jardin
Dans ton bec séduisant
La pomme que je croque
Sais-tu que tes plumes envolées
Resteront en ma mémoire
Comme le présent de l'automne
A la muse enchanteresse
Sais-tu que la beauté fuyante de ton corps
Qui se déploie dans l'azur impénétrable
Deviendra une accroche aux étoiles
Pour que je puisse fuir ce jardin
Cette terre infertile dont les racines brassent la lave
Mais qui parait inlassablement verte
L'opaque qui m'enferme
S'éclaircit peu à peu et
Peut-être ton plumage brisera
Cette vitrine où je me noie
Vole, de tes plumes éternelles
Vole, pour que je te contemple encore
Vole, pour me montrer l'immensité de l'univers
Dans l'éclat de tes yeux absolus
Dans la douceur et le parfum de ta peau
Dans les mots que nous tisserons comme un lien
Indicible entre la glace et les étoiles
Vole comme une promesse en l'avenir éclatant
Qui sera l'astre que je suivrais
Entre le jour d'opium
Et la nuit rayonnante
De l'été qui m'empoisonne
A l'hiver froid qui s'étend
Et de mon royaume figé
Je monterai sur le toit le plus haut
Je construirais l'échelle et les remparts
Sous le Soleil et la Lune
Le vent et la neige
Jusqu'à pouvoir te toucher
Jusqu'à pouvoir effleurer ton corps
La constellation irréelle du ciel pénétrant
Mes mains et ma chair fatigués
S'étireront jusqu'à toi
Comme tout le sacrifice de mon âme
Et par mon pouvoir d'Artémis
Ta poussière deviendra le corps de l'oiseau inatteignable
Qui s'envolera dès cette flèche plantée
Ma chute ne s'arrêtera
Que par les épines de mes roses de lave
En ce jardin indestructible
Où tu reviendras encore te poser
Clara Fourcade,
Tarbes
Théophile Bastille,
Lycée Pierre Rouge de Montferrier sur Lez
MON PAYS
Sur ce rivage inconnu,
Je vois les yeux d'un enfant meurtri
À qui on a volé ses rêves,
Ses espoirs de vie.
Ce regard qui supplie,
Cette main tendue
Et puis ces larmes de souffrance,
Ces larmes d'indifférence
Qui sont le quotidien de cette existence.
Pour toutes ces âmes
Condamnées d'avance,
Pour tous ces hommes
Voués au silence,
Ô toi mère patrie !
Que sont devenus aujourd'hui
Ton arrogance, ta fierté
Et ton courage autrefois envié ?
Toi qui m'as vu naître de tes flancs,
Toi qui m’as bercé de tes chants,
Tes chants de gloire,
Tes chants de victoire.
Regarde maintenant cette terre
Qui porte chaque jour en son sein
De nouveaux nés morts,
Regarde ses cicatrices qui rident son paysage
Et son sang innocent qui abreuve son sillage.
Dounia Belhaj,
Institut d’Alzon de Nîmes
Il dit non avec le cœur
Il lui dit non avec le cœur
mais il lui dit oui avec la tête
il dit non à ce qu'il aime
il dit non à ses sentiments
il est faible
on le questionne
soudain la tristesse le prend
et il oublie son amour
et malgré son cœur de pierre
sous les hués du vent
avec ses feuilles
de toutes les couleurs
il dessine un cœur
sur le sol
qui le reflète.
Inesse Guélai, (inspiré de J. Prévert « Le cancre »),
Lycée Juliot Curie de Sète
L’Infini nous réussit
L’infini nous réussit
Sache que tu m’as mis
Une folie inouïe
Une pensée
Celle de t’aimer
Jusqu’à ce que l’éternité
Soit à notre portée.
Noi infinito riuscito
Sappi che mi hai messo
Una pazzia inaudita
Un pensiero
Quello di amarti
Fino a che l’eternità
Sia alla nostra portata.
Louis Bérard (Poème et traduction en italien),
Lycée Juliot Curie de Sète
Malepeur
Elle louvoie à travers mon coeur, meurtrière,
Fleuve volcanique, capitaine de mon âme,
Mon corps est érodé et ses plaintes infâmes
Creusent dans mon crâne comme en un cimetière.
Ses yeux me dénudent pour me vêtir de peurs,
M'isolent du monde pour m'ouvrir à la mort,
Je m'écrase à leur vue, sombres accusateurs
Pointant dans le vide un terrible réconfort.
L'angoisse est un ver insatiable
Hurlant des lettres illisibles,
Elle cultive l'enfer dans mes veines,
Perçant un sillon dans mes plaies béantes,
Arrachant mon cœur, si sereine,
Écumant mon sang, terrifiante
Infection, alchimiste du chaos,
Rongeant mon souffle et brisant tous mes os.
Manon Nafraicheur,
Institut d’Alzon, 15 ans
Mamma
Sai,
non ci sono molte persone come te
in questo mondo nero.
E io mi rendo conto della fortuna incredibile
che ho di averti.
In 16 anni
ho cambiato la mia vita,
il mio modo di vivere,
il mio modo di vedere.
E anche se un giorno
le nostre strade si dividono,
e anche se un giorno
non ci sarai più,
sappi che sarò sempre felice.
Sei una mamma
che ha vissuto e superato
alcune cose sconvolgenti.
Ti ammiro,
sei diventata quello che sei adesso
trasformando le tue debolezze in canto.
Oggi sei qualcuno di meraviglioso,
non so come hai fatto,
ma tu lo sei.
Non ho smesso mai di credere in te
come tu l’hai fatto per me.
Mi hai amata
e coccolata,
mi hai amata
e incantata.
Maylis Pala,
Lycée Juliot Curie de Sète
Navrée
Dans tes yeux, je vois mon regard s’effacer…
Dans ta main, je vois ta bague s’enlever…
Sur ton visage, je vois tout s’effondrer…
Dans ta voix, je vois tout se crisper…
Tu ne te déplaces qu’à un seul endroit,
Peur d’être enfermé dans le noir ?
Je ne t’avais jamais vu pleurer.
Sauf quand ta mère est tombée…
Dis-moi est-ce normal que tu ne m’entendes pas ?
Que je ne puisse pas te toucher ?
Que tu ne me voies pas ?
Pourquoi ranges-tu toutes mes affaires ?
Pourquoi vas-tu tous les jours au cimetière ?
Et j’ai compris lorsque j’ai vu mon nom…
Gravé près des fleurs sur ma… tombe.
Constance Perche,
Quincampoix (76)
La marche blanche noire
Les vassaux d'infortune
ont tourné la page
et prennent le large
en vaisseaux de fortune
Venus de la mer
sous un grand drapeau blanc
ce sont des enfants
qui cherchent leur mère
Mais les femmes en blanc
soignent les hommes en noir
et les hommes qui sont noirs
sont perdus comme avant
Et les hommes qui sont noirs
Sont perdus comme avant.
Laissez-les croire
les mauvais gagnants
qui troquent leurs chats noirs
contre des chats blancs
Pour qui les cols blancs
ne peuvent pas être noirs
et pour qui les gueules noires
ne doivent pas être blancs
Ils ne rappellent guère
que les couleurs abondent
que pendant la guerre
ou la Coupe du Monde
Que pendant la guerre
Ou la Coupe du Monde.
Laissez-les choir
les mauvais-pensants
qui sont des enfants
inquiets dans le noir
Qui voient tout en noir
ou bien tout en blanc
et croient tout savoir
mais souvent font semblant
D'avoir lu noir sur blanc
que les gens qui sont noirs
sont le problème urgent
de ceux qui sont blancs
Sont le problème urgent
De ceux qui sont blancs.
Ils regardent leur devise
et osent dire qu'elle évoque
l'étranger qu'ils visent
contre qui ils votent
Quand ils prennent un bull'tin
savent-ils l'atteinte
qu'ils portent au teint
de ceux qui sont dans l'attente
Peuvent-ils concevoir
d'laisser les coudées franches
à tous les moutons noirs
qui leur montrent patte blanche
À tous les moutons noirs
Qui leur montrent patte blanche
Bien assis sur leurs bancs
ils attendent au lavoir
leur lessive de blanc
leur lessive de noir
Et moi je me garde
la lessive de couleur
j'y ai mis la cocarde
le drapeau car pour l'heure
Je les trouve un peu ternes
les pigments qui colorent
ces symboles qui à terme
s'ront enfin tricolores
Ces symboles qui à terme
S'ront enfin tricolores
Les amis de la haine
laissez-les ignorants
s'abrutir sur leurs chaînes
en noir ou en blanc
Si le noir est nuisible
ce n'est pas pour la peau
mais pour les chemises
les idées les drapeaux
Je voudrais me permettre
de trancher ce conflit
en disant que peut-être
la réponse c'est le gris
En disant que peut-être
La réponse c'est le gris.
Théo Couderc,
Saint Marcel Paulel (31)