CONCOURS DE POESIE « MATIAH ECKHARD » 2020
Mentions spéciales « Université »
Plume collective
on s’assemble à chaque aube d’une nouvelle existence
pour boire le thé en communauté
le crépuscule venu certains s’en vont
mais l’esprit demeure
on lit les images de la nature
on laisse voler nos rêves jusqu’aux cieux
et avec la plume collective
de la muse synthétique
du souffle des souffles
on écrit le rêve communautaire
sur le tableaux des signes
que scrute dans chaque mémoire la cervelle identitaire
les nectars des fleurs d’âge
coulent de la bouche de la vieillesse
des jets d’encre aux proverbes d’or
la jeunesse dans ses prouesses poétise l’essor
les enfants jouent aux jeux d’écriture
ils cueillent les mots comme des roses
et dans leur jardin de mots
au retour de la rosée
il pleut des surprises :
/les/hommes/intègres/vivent/en/harmonie/
/l’humanité/est/un/ensemble/à/vivre/c’est/l’unité/des/unités/
/…/
Daquin Cédric Awouafack, 25 ans,
Dschang (Cameroun)
Rime, rythme et rire
À fleur de rime, l’amitié se versifie
Un mot qui saute plus haut que l’Alexandrin
C’est un poème où cultive l’amour du vivre ensemble
Où sarclent les herbes de l’indifférence
Et jettent au feu les gerbes du silence
Afin que pousse la parole librement
Pour que germent les fleurs des sentiments
À fleur de rythme, l’amitié galope les rives du temps
Jusque dans le filet du ciel illuminé
Elle court sans plainte murmurante
Dans le rythme libre du cœur de l’homme
Un rythme à la mesure de la beauté noire
Un rythme à la mesure de la beauté blanche
Un rythme à la mesure de toutes les races
À fleur de rire, l’amitié est un feu
Qui brûle en cendre les différences, les opinions
Les classes, les appartenances et les préférences
Un feu aux flammes d’unités
Qui envoient des étincelles de sourire sur la blessure des mots
L’amitié est le sommet de la pyramide de l’humanité
L’amitié est le symbole du vivre ensemble.
Claude-Bernard Alceus, 23 ans,
Haïti
Je t'écris pour mieux te parler
Quand tu me lis,
ma voix n'est jamais plus belle
Mes mots jamais plus justes
que lorsqu'ils te sont destinés
Je t'écris pour mieux te parler
Quand tu me lis,
mes phrases s'élancent vers toi
pour t'étreindre
Mes virgules se dressent,
hérissées comme sur une peau
qu'on effleure
Mon coeur bat
au rythme de tes cils
Quand tu me lis,
les mots tremblent dans mes mains
avant de te parvenir
Et longtemps apres avoir séché,
leur encre brille encore dans tes yeux
J'ai cherché a atteindre tes levres
par tous les moyens possibles,
t'écrire est le plus beau.
Pierre Claireaux, 24 ans,
Faculté Droit et Sciences Politiques de Rennes
Quelques vers à t'adresser
Mes mots emprisonnés,
Dans leur carcan de papier,
S'envolent vers toi ce soir,
Messagers d'espoir.
Quelques vers à t'adresser,
Que pourrai-je y conter ?
Je pourrai tisser mes vers d'étés,
Pour recoudre patiemment tes plaies.
Je pourrai puiser mon encre dans la source immortelle,
De nos rêves murmurés,
Pour tracer le contour de tes ailes,
Le temps d'une envolée.
Je pourrai te décrire la lumière de nos étoiles,
Qui n'ont de cesse de briller sur la sombre toile,
Je pourrai ressortir nos photos usées,
Et y agrafer l'écho de nos rires, par le vent, éparpillés.
Je pourrai te parler de vie et d'amour,
Jusqu'à ce que mon souffle ne s'épuise,
Je pourrai t'emmener voir le monde, et même en faire le tour,
Pour décider où poser nos valises.
Je pourrai prendre mes pastels,
Et te dessiner le plus beau des arcs-en-ciel,
Pour que jamais tu n'oublies,
Ce qui vient après la pluie.
Et si le monde te paraît gris,
Je tâcherai le ciel,
Avec ma boite d'aquarelle,
Pour te repeindre la vie.
Je pourrai bâtir un abri,
Avec la flamme de nos souvenirs,
Nous y attendrons blottis,
Que l'orage veuille bien partir.
Je pourrai te jouer la douce mélodie,
Des jours heureux que jamais l'on n'oublie,
Tu les laisserais te guider dans la danse,
Jusqu'à ce que tout cela retrouve un sens.
Je pourrai te dire encore tant de choses,
Aligner des vers sans fin,
Et te destiner ma prose,
Mais tous ces mots flamboyants au creux de ma main,
N'expriment qu'un fragment de ma pensée,
Alors pour ce soir, je me tairais
Je me contenterai de ranger crayons et papiers,
Il serait fou de croire que l'on peu guérir tous les maux,
Avec quelques phrases emplies de mots.
La seule chose que je puisse te livrer,
Une vérité éternelle et inchangée,
Aussi assurément que le soleil se lèvera demain pour t'éclairer,
Je serai toujours à tes côtés.
Margaux Gambier, 22 ans,
Fontaine-Sur-Somme (80)
PLUMES SOLIDAIRES
Loin des plumes solitaires
L’écriture d'ensemble rassemble la dissemblance
Les mots jumelés et mêlés renforcent l'esprit solidaire
L'assemblage de tous les textes consolide le vivre ensemble
Écrire sans autrui n'a nul sens
Écrire sans autrui ne vaut pas la peine
L’écriture solitaire est vaine
L’écriture solidaire magnifie une solidarité dense
Loin du libre ensemble
Écrivons des livres ensemble
Pour pouvoir vivre ensemble
Malgré nos origines différentes
Le sens de la poésie se retrouve dans l'anthologie
Raison pour laquelle je fais son apologie
Elle regroupe des auteurs d'ici et d’ailleurs
Tous écrivant communément avec ferveur
En écrivant avec des plumes solidaires
Personne ne se questionne sur l'origine de l'autre
Le plus important c'est de dire l’écriture est nôtre
Chacun se sent chez lui, l'important est de sauver la Terre
Comme un fleuve ne peut se défaire d'un de ses affluents
Sinon il ne sera plus influant
La plume solidaire ne peut se défaire d'un de ses auteurs
Qu'il soit amateur ou confirmé, le plus important c'est de s'affirmer avec ferveur
Quand on écrit ensemble
On brise les différences et on devient semblables
On rassemble les mots d'or
Pour produire des livres qu'on appellera trésor
Alex Legrand Temeze Liedze, 20 ans,
Dschang (Cameroun)
Vivre ensemble
Du chromosome au fœtus, tous de même procédure
Doivent se suivre, les êtres de la même nature
Impératif de penser comme l'autre !
Impératif de marcher en apôtre !
Oui ! Les apôtres de la vie
Les deux poumons toussent ensemble
Toi et moi, on se ressemble
Comment pourrais-je connaître le goût de la vie,
Sans vivre avec autrui
As-tu déjà entendu qu'une graine,
De sable a construit toute une maison ?
Une recherche sur le net sera vaine
Oups ! Sûrement, la réponse est l'union
Voilà ! La beauté de l'arc-en-ciel
Sa myriade de couleurs fait son potentiel
Dessinons une vie de couleurs !
Crayon noir, jaune, blanc...
Aucune importance de races
Elles se complètent autant
Que le soleil de joie se lève dans mon monde !
Qu'il se couche dans le tien !
Je suis là pour toi, même à travers une onde
Je t'apporterai mon soutien
La vie est une fleur
Moi le pollen
La vie est un cœur
Toi la veine
Tiens ma main
Ton absence me serait une fin
Qui pour me conseiller, réconforter mon cœur ?
Qui pour me donner un câlin ?
Même si tu me donnes souvent une joie douloureuse
Je la préfère
Ton absence me plonge dans une douleur douloureuse
Tu es un repère
Parfois, sans faire attention, je trébuche
Erreur est humaine
Parfois, je brise ton cœur telle une cruche
Pardon, brisons la chaîne de cette haine !
Sur moi, ne pointe pas des armes
Je suis ton frère, essuie mes larmes
Toi, ma sœur, autrui
Toi mon frère, ami
Naître le jour de la fraternité,
Grandir dans la solidarité,
Sans différence de sexes, égalité,
Ainsi doit être le cursus de la vie...
BAMBARA Jean Fidèle, 20 ans,
Garango, Burkina Faso
Hommage aux trépassés
Ma plume
écrit notre amitié
sur la page du vent
dans mes yeux
je regarde tes rêves
qui s’illuminent et s’éteignent
comme un phare délabré
par le vertige du temps
trop de souvenirs inattendus
trop de soucis
qui bouleversent mes entrailles
sans toi
je ne saurais pas
nager dans le feu
ma mémoire est en fuite
je porte tes douleurs
tes maux
tes plaies
sur la pointe de mes seins
je cherche constamment
tes sourires
ta vie
ta vocation
tes projets et tes poèmes
aux fonds de mes larmes
je cherche encore ton cadavre
tes os blanchis
ton soleil ne se lève plus
souffle horizontal
ma plume
déchire à coups de becs
ton destin dans la tombe
dévasté et décapoté
l’enfer déverse ses larmes
sur tes rives
tes désirs se plaignent
immobile source de vie
hélas !
l’amitié n’est plus
point de partage
point de sourire
espérances noyées
au plus profond des vagues
ma joie se met à pleurer
quand j’écris notre amitié
tes rêves s’écoulent
entre mes doigts écartés
ma plume pleure
à gorge déployée
nos amis qui sont trépassés
elle pleure encore
le jeune poète Matiah Eckhard
que les larmes de ma plume
soient le miroir
du vivre ensemble
et qu’elles découvrent
en tout être humain
un monde infini.
Jean-Baptiste Wolbens, 22 ans,
Haïti
AQUARELLE
il pleut une chanson d’amour
je te vois dans une aquarelle
et je devine tes contours
ma vie sans toi est noire et vaine
de la fenêtre éclats de verre
un vol hagard qui n’a plus d’ailes
après l’amour après la haine
un petit cœur qui n’est plus là
un arc-en-ciel ouvrant ma voie
je te vois dans une aquarelle
tends-moi ta main donne-la-moi
de toi toute ma vie est pleine
ô mon petit soulier je vois
dans mes petites aquarelles
les nuances de ton cher minois
et les fleurs blanches du printemps
vois-tu mon amour le beau temps ?
Nicoleta DĂNĂILĂ, 19 ans
Roumanie
Feu-étique
Dans le cœur du feu,
nous sortons des poèmes.
Nous sommes des bois
rassemblés en des écrits,
formant un feu poétique.
Des écrits feu-étiques
qui se tiennent des mains.
Des écrits en braises
qui réduisent nos maux en cendre.
Des tiges qui s’allument à jamais,
des flammes qui ne s’éteignent jamais.
Méchak Eliezer Mbani, 25 ans
Brazzaville, Congo
ENSEMBLE
La mélancolie traverse les cœurs. Les larmes humaines inondent la terre. Et le bruit des rires ne cesse de se taire . Mais une lueur d'espoir transperce nos cœurs.
Et fait jaillir une cohésion contre l'inconnu. Une lutte contre cette peur jamais connue. Ensemble nos plumes pénètrent les cœurs. Et nos épées se liguent en chœur.
Oublions les ténèbres de la barbarie humaine. Laissons parler la tribune des médiations. Laissons agir l'amour et non la division. Vivons ensemble comme une vraie race humaine.
Rions ensemble comme une seule main. Écrivons ensemble pour dénoncer la peste. Arborons un geste commun. Laissons retentir l'alarme contre cette espèce.
MASSANGA Abdala Ismaël, 18 ans,
Université MARIEN NGOUABI, BRAZZAVILLE, République du Congo
Dextérité éternelle
Aujourd’hui Demain
Partir partir s’enfuir un grand matin
Un matin de toutes les nuits roses
A l’aube la rosée sur ta paume c’était le temps arrêté
Un matin derrière les tentes te retrouver
Sur ma route sur ma route sur ton chemin
Ma destinée c’était les sentiers de ta main
La vie qui s’écrit sans cesse
Ou qui est écrite peut-être
Sur les sentiers de ta main qui mènent à Rome enfin
Sentiers que j’arpente en sang je serpente hoplite égaré
Disant Sergent mon Sergent où sont ma plume et mon épée
La lune c’est ton sourire un vivant follicule
D’où sortent parfois les chansons du crépuscule
Et là moi seul dépeuplé depuis que tu es partie
Sur ce talus d’Italie nu mes amis en armure
Me murmurent les étoiles les étoiles c’est ton cyanure
Ta main ta main ornée d’or c’est l’apanage des rois
Elle me permettait de me repérer dans la nuit le froid
Et les étamines étaient là tu vois comment aurais-je pu me perdre
Aujourd’hui je faiblis sans ton pistil ô Lune ô ma superbe
Trace moi le chemin ancien ici je meurs sans la paume de ta main
Sans aklys parmi les esclaves sous le soleil romain
Moi seul donc et désarmé aussi
Abandonné par mon officier moi trop rêveur transi
Ma légion c’est ta voix ton souffle qui marchent avec moi
Ma phalange c’est la bague à mon doigt et ton odeur quand je souffre
Et mon armée mon armée que personne ne voit
C’est mes mots qui s’élancent vers toi comme la cavalerie lourde
La courbe sublime de mes lettres c’est tes reins qui dansent
Et s’envolent mes dessins et volent mes sens
Il y a les villes les champs les rives le vent
Et depuis mon âme s’allume quand tout le monde s’écrie
Il y a toi Il y a toi ma plume c’est toi qui écris
Amaury Ouellet, 19 ans,
Marsillargues
Ma partition pour t'atteindre
"Comme si j'avais accomplis mon souhait le plus
désiré.
Ce que j'avais toujours cherché.
J'attendais qu'on me le dise.
J'attendais que tous les deux vous veniez me le dire.
Surtout lui.
Que toute cette musique hurlante dans l'appartement, toutes ces chansons qui se mélangeaient et se répétaient au travers des pièces jusqu'à atteindre les grandes fenêtres ouvertes pour ensuite
retomber au creux de la rue,
Que toute cette présence vous manquerait si elle venait à partir.
J'avais envie de la transformer, de transformer toute cette présence, cette musique en quelqu'un.
Je voulais me transformer en musique,
Qui un jour s'en va,
Après s'être faite entendre toute la journée,
Puis partir, laisser un vide.
Je voulais laisser mon odeur, ma présence, mes notes,
Me faire croire à moi-même que j'avais existé, que j'avais bien été là, que j'avais existé pour vous et que vous ne m'oublierez jamais.
Je voulais laisser mes empreintes dans tes souvenirs, dans tes acouphènes, dans ta mémoire,
Je voulais me transformer en toute les musiques du monde,
Pour que tu ne puisse jamais en entendre une sans penser à ta fille qui l'écoutait sans silence,
Je voulais connaître toutes les musiques que tu aimais, toutes celles que tu pouvais être susceptible d'aimer,
Je voulais constamment te plaire,
Constamment rechercher ton attention,
Et la musique était cette manière que je n'empreintais plus, je la vivais, je l'incarnais.
Je me métamorphosais pour exister.
Je voulais te créer cette absence, ce manque sonore, cette question qui pourrait te parvenir,
Mais où est - elle ?
Finalement je l'aime.
C'est bien elle.
C'est bien ma fille.
Je voulais que tu arrives en courant dans ma chambre, faisant jaillir une joie qui me cris que tu les adore, que tu les a toujours entendu, et que tu m'avoues qu'elle ont toujours été tes chanson
préférée de la Terre,
Je voulais que tu me reviennes,
Comme lui qui a finit par me réentendre,
En pleine nuit,
Pour me dire qu'il entend encore mes musiques lorsqu'il lui vient à refaire certains souvenirs qu'il faisait autre fois,
Comme si j'avais marqué l'instant pour toujours,
Que l'on ne pouvait plus y repasser sans s'en souvenir,
sans me réentendre, sans me revoir,
Je m'étais transformée en son,
En musique,
En mélodie,
J'existais enfin,
J'ai enfin existé,
Existé.
Je n'ai peut - etre pas atteint la mémoire de votre cœur, mais j'ai au moins atteint celle - ci, j'y suis parvenue,
La mémoire des mélodies.
J'ai inscrit mon existence pour toujours.
Au travers de la musique."
Lorraine Fabre, 18 ans,
Institut d’Alzon de Nîmes